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Trop, c'est trop !

Les Français ont parlé, sans ambiguïté. L’abstention au premier tour des élections législatives a été historiquement basse. Trompés et déçus par des gouvernements plus ou moins au centre du spectre politique, ils ont voté, avec une majorité relative, pour le Rassemblement National. Les motivations sont nombreuses, mais l’obsession principale de ce parti est l’immigration, suivie de près par l’insécurité ; l’une serait même liée à l’autre. Personne ne se plaint de l’épicier qui sert ses clients tard le soir, même le dimanche, quand tous les autres commerces sont fermés. Personne ne se plaint du livreur qui achemine le repas en pédalant sous une pluie battante. Personne ne se plaint du médecin qui s’est implanté dans un désert médical. En revanche, on a le plus grand mal à consoler les victimes de viol dont les agresseurs étaient sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), car ces derniers n’auraient pas dû être là. Avec des si , on met Paris en bouteille, certes ;...

So French!

Guerre de civilisation. Laïcité. Communautarisme. Immigration. Ces mots résonnent si fort dans les médias, on craint que la France ne soit en pleine crise d'identité. Mais qu'est-ce donc, être français ? Je suis né en France, mais j'ai grandi en Allemagne. Petit, je parlais sans doute plus allemand que français. Suis-je allemand pour autant ? Non, mais ça fait partie de mon identité; l'Allemagne aura toujours une place privilégiée dans mon cœur. Plus tard, j'ai vécu plus de 20 ans à Paris, et quelques années en Occitanie. Là-bas, je ne suis pas seulement un Parisien, je suis un « parigot », un « gadjo ». Les autochtones sont « espantés » que j'aie pu supporter le trio métro / boulot / dodo . Ailleurs, on a parodié l'accent et l'argot des Marseillais et des Chtis. Or, nous sommes tous français. Une communauté de communautés. Un véritable “melting pot”. Avant d'identifier ce qui nous unit, voyons ce qui nous sépare. L'accent, l'argot, on l'...

Sciences Po'vres : le progressisme régressif

Cette semaine, l'amphithéâtre Émile Boutmy de notre école au rayonnement international, l'Institut d'études politiques de Paris (« SciencesPo », de son petit nom), a été investi par des étudiants pour manifester en faveur de la Palestine, dans un contexte de contre-offensives d'Israël visant le Hamas après l'infamie de l'attaque du 7 octobre 2023. Une étudiante juive aurait été refoulée à l'entrée, accusée de sionisme, ce que l'intéressée assimile à un acte antisémite. Le raccourci est abusif, dans un sens comme dans l'autre ; on peut être de confession juive sans militer pour l'expansion de l'état d'Israël, sans adhérer à la politique de son Premier ministre Benyamin Netanyahou, sans se réjouir des dommages colatéraux immenses infligés à la population gazaouie. On peut soutenir et justifier l'existence d'Israël, sans être juif. Ce qui est sûr (si l'on croit le témoignage de la jeune femme), c'est qu'elle a été stigmat...

Mon dieu, ce psycho

Alors que ma génération considérait les horreurs du XXème siècle comme de lointains cauchemars, les actualités depuis l’absurde et stupéfiante journée du 11 septembre 2001 nous ont ramené à notre condition de pauvres pécheurs, un peu plus sanguinaires qu’on ne voulait l'admettre, un peu moins civilisés qu’on ne le prétendait. Une telle crise existentielle nous amène mécaniquement à reconsidérer la nature de Dieu, à une époque où la religion est devenue, en Occident, presque ringarde. Lorsque le monde a vu l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 et l’horreur des actes commis à l’encontre de citoyens israéliens des deux sexes et de tous les âges, mais en particulier les femmes et les jeunes filles, on se demande si les nazis, définition moderne du Mal absolu, auraient fait pire. Lorsqu’on apprend les conditions abominables de (sur)vie des Gazaouis, on se demande, incrédule, si les camps de concentration n’étaient pas plus confortables. On savait l’Homme cruel, mais peut-être l’avions-...